Page:Sorel - Corso fleuri.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fêtes sans ces « Parisiens », car, quoi qu’ils entreprissent, ils restaient « de la capitale ». Parlait-on d’un beau mariage, on annonçait, déjà, « la cérémonie qui aurait lieu pour Mlle Marcelle » et « ces jeunes gens » affluaient. Ces « demoiselles » aussi.

Marcelle était charmante, avec son minois un peu mièvre, aux traits fins, et ses jolis yeux bruns au fond desquels rayonnait un éternel sourire. Gracieuse, spirituelle, dansant à ravir, ayant lu quelques bons auteurs et retenu quelques bribes de ses études, elle passait « pour une perfection » à laquelle on ne songeait point à disputer un prétendant. Mais Marcelle désirait attendre : après tout, elle n’avait que dix-huit ans et, depuis trois années qu’elle habitait Boudoir, elle n’était pas lassée de ce qu’elle appelait, avec une nuance dédaigneuse, « l’existence de la campagne ». De plus, elle ne voulait accepter ni un militaire, ni un industriel, ni un fonctionnaire, ni un avocat ; elle voulait rester « près de sa mère » : elle était une enfant capricieuse et légèrement gâtée.

Son amie, la belle Fernande Caravaillon — une Marseillaise de pur type, celle-là, au teint olivâtre, aux cheveux bruns, à la bouche un peu forte — avait calqué ses idées et ses opinions sur celles de sa camarade. Née à Boudoir, riche et fille unique, elle ne rêvait que plaisirs et