Page:Sorel - Corso fleuri.djvu/14

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apportait, en quelque lieu qu’elle se rendît, sa gaieté un peu bruyante. L’arrivée de Marcelle la ravit. Elles s’étaient connues petites filles ; elles étaient restées en relations par correspondance et elles s’étaient retrouvées avec une joie ingénue. Peut-être l’aimable Louis, le frère de Marcelle était-il pour quelque chose dans cette intimité. Elles échangeaient leurs vues sur l’existence que le jeune lieutenant devait mener à Lyon.

En réalité, il ne s’y amusait guère. Après avoir choisi la carrière de l’armée par enthousiasme, il sentait, en ces années de 190…, que son bel idéal d’adolescent s’abaissait par étapes. Nommé lieutenant de chasseurs à cheval, son uniforme, qui lui seyait à ravir, lui valut des succès de salon. Louis était mince, grand, et son visage était agrémenté d’une longue moustache ; il avait le nez droit, et les yeux — les mêmes que sa sœur — exprimaient une douce rêverie. Il n’était heureux qu’à la tête de son peloton, quand il pouvait s’entraîner aux manœuvres et s’imaginer, une heure ou deux, que les batailles d’autrefois recommenceraient quelque jour. Il s’attachait à ses soldats.

Plusieurs fois, déjà, on avait cherché à le marier. De bonnes âmes, en quête de beaux partis pour les filles de leurs amies, l’avaient attiré auprès d’elles. Louis sortait de ces entrevues avec une sourde déception. Pourquoi entra-