Page:Sorel - Corso fleuri.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ver son indépendance par le mariage ? Il était libre, il lui était loisible d’aller et de venir au gré de sa fantaisie, de retourner, de temps à autre dans ce Paris qu’il regrettait, et puis, instinctivement, il éprouvait une sorte de vanité à se voir l’objet de tant de sollicitations. Mais Louis était prudent. L’indépendance que lui laissait sa fortune, lui pormettait de ne point s’embarquer à la légère dans une aventure qu’il risquait de regretter : il s’était promis de ne s’engager qu’à bon escient et de ne prendre conseil que de lui-même.

Ce fut pour Mlle Fernande une réelle émotion d’apprendre l’arrivée de Louis. Il l’annonça par une dépêche ; une permission d’un mois accordée pour raisons de fatigue, allait lui permettre de passer les vacances de Pâques à Boudoir et l’on s’empressa d’organiser, aussitôt, mille réjouissances.

Louis en parut ennuyé ; un désenchantement singulier le rendait mélancolique. Naguère si gai, il restait indifférent aux avances dont il était l’objet. Il se promenait d’un air blasé à travers les rues, accompagnait son père au cercle, rôdait aux abords de la caserne, rentrait de bonne heure et lisait. Cet état d’apathie inspira même de l’inquiétude à ses parents. Mme Lebardec essaya de l’interroger et d’obtenir un éclaircissement sur le trouble caché qui peinait son fils. Elle l’acca-