Page:Sorel - Corso fleuri.djvu/16

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blait de questions. Il répondait invariablement : « Je m’ennuie », et refusait toutes les offres et toutes les invitations.

Un matin, sa mère l’aborda. Elle semblait triomphante :

— Je sais ce qu’il te faut, déclara-t-elle.

— Quoi donc ? demanda-t-il.

— Te marier.

— Ne parlons pas de cela, s’écria-t-il. Grand Dieu, pas d’histoires !

Elle demeura consternée. Elle reprit un peu d’espoir, cependant, lorsqu’elle s’aperçut que Louis éprouvait du plaisir à causer avec Fernande. Toutes les après-midi, la jeune fille arrivait à cinq heures ; elle s’installait et, autour de la table à thé, Mme Lebardec, Marcelle et Louis l’écoutaient. Fernande était consciente de sa beauté ; elle s’attribuait, aussi, beaucoup d’esprit. On ne pouvait lui refuser une certaine verve, une certaine méchanceté, même, qui divertissait le jeune officier. Il répliquait avec gentillesse et scepticisme. Fernande ne pouvait douter qu’elle ne lui plût et que les parents n’en fussent ravis.

Un jour, néanmoins, elle se montra plus agressive. La veille, dans une soirée dansante, Louis avait invité plus fréquemment qu’elle une jeune fille sans fortune qui passait pour particulièrement intelligente. Fernande l’accabla de sar-