Page:Sorel - Corso fleuri.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

casmes et, l’officier souriant, elle crut à sa victoire. Il dit simplement :

— Croyez-moi, mademoiselle, il y a longtemps qu’elle serait mariée, si elle était riche ; mais, les hommes sont tellement sots et tellement égoïstes qu’ils ne se marient plus que pour la fortune ; c’est honteux !

Un soir, Louis feuilletait une revue à laquelle sa sœur était abonnée. Les Pages de la jeune fille, tout en écoutant les discours de Fernande. Tout à coup, il s’écria :

— Tenez, voilà qui est très bien !

— Quoi donc, demandèrent les jeunes filles.

— Cet article, écoutez.

Il lut.

L’auteur — évidemment une femme qui signait d’un pseudonyme — déplorait les relations contemporaines, en France, entre les jeunes gens et les jeunes filles. Comment pouvaient-ils se connaître ? Où se rencontraient-ils ? À peine les autorisait-on à causer ensemble dans un salon ; quant à correspondre, il ne pouvait en être question. Mais, par une singulière contradiction, on les présentait les uns aux autres au bal ; en dansant, il est admis d’échanger des idées et de parler librement. Puisqu’il restait défendu de se communiquer ses impressions sur la vie, dès que l’on était camarades ou amis, le chroniqueur s’amusait à soutenir un paradoxe : pourquoi