Page:Sorel - Corso fleuri.djvu/18

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des inconnus ne s’écriraient-ils pas entre eux, n’essayeraient-ils pas d’éclairer leurs opinions par des lettres réciproques ? Ils ne se compromettraient pas, puisqu’ils ignoreraient leur personnalité ; ce serait une sorte d’éducation mutuelle, sans danger, La revue, très prudente, consacrée exclusivement aux jeunes filles, acceptait d’insérer des annonces, déclinant, d’ailleurs, toute responsabilité ultérieure.

— Je trouve cette idée originale et très juste, déclara Louis.

— C’est amusant, opina Marcelle.

— C’est drôle, ajouta Mlle Fernande.

— C’est dangereux, affirma Mme Lebardec.

Louis paraissait tenir à son opinion ; il s’animait, il discutait avec la gaîté qu’il semblait avoir perdue.

Profitant d’une absence de Mme Lebardec, le jeune officier se leva et, se rapprochant de sa sœur et de son amie :

— Voulez-vous, leur dit-il, que nous nous amusions un peu ? Vous allez envoyer à votre revue l’annonce suivante : « Jeune officier désire correspondre avec jeune fille intelligente ! »

— Et l’adresse ? demanda Marcelle.

— L’adresse, répliqua Louis, tout simplement : Le lieutenant Louis, à Boudoir ; je passerai à la poste, afin qu’on m’envoie ces lettres à la mai-