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Le paysan abaissa sa main ridée et la posa sur la tête joyeuse de l’animal.

Le mendiant et son chien

Le mendiant et son chien.

— Tu as entendu, dit-il, avec une tristesse tendre et sans regarder les juges ; tu as entendu, n’est-ce pas ? il faut nous séparer. La république se ruinerait à te nourrir ! Quelle raison donnerais-je, d’ailleurs, de te garder ? Est-ce parce que depuis quinze années tu partages mon pain, mon eau et mon rayon de soleil ? parce que je suis habitué à entendre à mes pieds le bruit de ton haleine ? parce que tu es le dernier être vivant qui ait besoin de moi et qui m’aime ? Ce qui ne sert qu’à nous aimer, est inutile, ami ! on vient de te le dire. Ah ! si nous vivions dans un pays barbare, j’irais avec toi par les campagnes ; je m’arrêterais aux portes des cabanes, et, en voyant mes cheveux blancs, les hommes se découvriraient, les enfants viendraient te ca-