Page:Stevenson - Herminston, le juge pendeur.djvu/40

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et digne homme, un ministre si c’était possible, un saint sûrement. Elle essayait de diriger son esprit vers ses livres favoris, les Lettres de Rutherford, l’Abondance de la Grâce de Scougal, et d’autres ouvrages semblables. Elle avait l’habitude (étrange souvenir maintenant) de conduire l’enfant au « Creux des Sorcières », de s’asseoir avec lui sur la pierre du « Tisseur en prière » et de lui parler des anciens du Covenant jusqu’à ce que leurs pleurs se mêlassent. Sa conception de l’histoire était toute naïve, un dessin en blanc et noir ; d’un côté, de tendres innocents, la prière aux lèvres ; de l’autre, des persécuteurs, bottés, ivres de vin, l’âme sanguinaire : un Christ souffrant, un Belzébut enragé. Persécuteur était un mot qui frappait le cœur de cette femme ; c’était la plus haute idée de la méchanceté, car sa maison en portait la marque. Son arrière-grand-père avait tiré le glaive contre l’Oint du Seigneur