Page:Suarès - Images de la grandeur.djvu/119

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POLYPHEME DORT

��I. La croupe de l\£tna, déroulant tes foréti et ses vignes, comme les strophes d'un poème inventé par les Dieux, — ouvre des lits et les retraites tièdes où, parmi les feuilles et les fleurs, dans un pli en forme de nef tirée sur le rivage en pente, — dort Polypbème.

Si tu n'es ivre mort, Cjrclope, pourquoi ton sommeil est il i ce point immobile? Ton pied a l'air de la stupidité attentive. Et qui retient le rocher moussu de la tète sans un frémissement, au milieu des pampres d'or et des tveltes anémones?

La douce brise, impalpable haleine du firmament, joue, vole et se divise, errant des neiges roses de la cime jusqu'aux livres murmurantes de la mer bleue.

II. — «Acii! Acis!.. Ohé!.. >

Chante une voix ailée de rires, plus heureuse que la flûte, et plus légère que le rossignol bocager.

■ Acis, où donc et tu ?. . > fait elle.

Elle caresse et te moque; elle appelle et refuse les baisen; elle ÏDvitc et te détourne, la voix rieuse de la Njrmphe.

— c Ici, 6 Galalhée I. . J'accourt. . »

Elle ne fuit pas au loin, la grande anémone parmi les anémones sceurs;

Mais d'une main elle attire ; et de l'autre, sur les lèvres, elle fait taire le blond berger.

— « Vois, vois le Cyclope !. . Vois comme il dort. . •

Et tous deux, entre les longs cheveux, et les mèches jaunes de* Mules,

Regardent l'énorme Poljrphème en souriant, l'énorme.

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