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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/84

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Je ne saurais dire combien ces axiomes, d’un sens peut-être rigoureusement vrai, mais d’une affirmation si désolante et si exagérée, ainsi froidement énoncés par mon père mourant, m’épouvantaient !

Mon précepteur, homme d’un sens droit, mais d’un esprit médiocre, n’avait, de sa vie, soulevé devant moi aucune question philosophique. Sur ces matières, mon intelligence était demeurée jusque-là comme inerte et endormie ; mais mon esprit, heureusement préparé par une éducation féconde et par une précoce habitude de réflexion, due à ma vie solitaire et à l’expérience des voyages, était prêt à recevoir le germe de toutes pensées, bonnes ou fatales, que l’ardeur de mon imagination devait rapidement développer.

Aussi, ces tristes et amers enseignements demeurèrent-ils l’unique et profonde racine de toutes mes pensées ! Plus tard je pus les modifier, y enter pour ainsi dire d’autres idées ; mais elles participèrent toujours de l’âcreté de la première sève.

Après ces tristes entretiens avec mon père, qui duraient ordinairement deux heures, on l’habillait ou plutôt ou l’enveloppait de couvertures chaudes et légères ; car, ses anciennes