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Page:Sue - Arthur, T1, 1845.djvu/87

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de harnais, aussi fort vieux. Dès que mon père s’était vu dans l’impossibilité de monter à cheval ou de sortir en voiture, il avait fait mettre ses chevaux en liberté dans cette enceinte ; une clause de son testament ordonnait expressément que ces animaux demeurassent là sans travailler jusqu’à leur mort.

Je le répète, à cette heure seulement, mon père disait quelques rares paroles, rappelait brièvement une chasse où tel cheval avait brillé, une route parcourue par un autre avec une vitesse surprenante ; puis, ensuite de cette promenade, on le rentrait pour dîner.

Bien que depuis longtemps il ne se soutint plus que par des substances très-légères, il voulait que sa table, à laquelle il avait toujours tenu, fût servie avec la même recherche que lorsqu’il était en santé, bien qu’il ne mangeât pas. Ma tante et Hélène prenaient part à ces repas silencieux, servis par de vieux domestiques en noir et à cheveux blancs. Mon père ne disait pas un mot, et, comme nous avions remarqué que le bruit lui était insupportable, c’est à peine si nous échangions à voix basse quelques rares paroles.

Après le dîner, qui durait peu, nous rentrions au salon ; on approchait un échiquier,