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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/129

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La vue d’une riche nature, d’un beau cheval, d’un beau chien, d’une belle fleur, d’une belle femme, d’un beau ciel, m’a toujours plongé dans une sorte d’extase ; et quoique la foi religieuse me manque malheureusement, à l’aspect des magnificences de la création je me suis toujours senti des élans de gratitude ineffable et profonde envers la puissance inconnue qui nous comble de ses trésors.

Tout en regrettant les facultés dont je suis privé, disais-je, je veux au moins profiter de celles qui me restent, et puisque je ne saurais être heureux par l’âme, que je le sois au moins par les yeux et par les sens.

Et je ne me trompais pas, car je n’ai jamais joui d’une félicité plus parfaite.

Falmouth était le meilleur, le plus noble des hommes, je le sais… Je serai toujours désolé de ma conduite à son égard. Mais quand je compare ma vie, maintenant si complètement heureuse, à l’avenir studieux et politique qu’Henry me peignait sous de si brillantes couleurs ; en vérité, puis-je regretter autre chose que l’amitié que j’ai si follement perdue par mes soupçons affreux.

Et d’ailleurs, Henry avait raison, le désœuvrement m’était fatal ; aussi me suis-je déli-