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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/130

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cieusement occupé à parfaire ici les tableaux vivants, sur lesquels je repose à chaque instant mes regards ; il m’a fallu du temps, des soins, des études même, pour parvenir à m’entourer, ainsi que je le suis, de toutes les merveilles de la création, pour rassembler toutes les richesses éparses que j’ai concentrées dans cet Éden.

Les sages diront que ces bonheurs sont des enfantillages, et c’est justement pour cela que ce sont des bonheurs.

Les bonheurs sérieux immatériels, comme ils les appellent, ont toujours un lendemain, ils sont périssables ; mais les nulle petites joies que sait trouver dans ses rêveries un caractère toujours jeune, quoique rapides, légères et mobiles, sont toujours renaissantes, car l’imagination qui les prodigue est inépuisable.

Et puis à cette heure que je me suis fait d’adorables habitudes d’indépendance, la vie du monde avec ses dures exigences me semble une sorte de confrérie dont les règles me paraissent d’une observance aussi rigoureuse que celle de l’ordre des trappistes.

Car je ne sais si je n’aimerais pas mieux être à mon aise dans l’ampleur d’une bure grossière, qu’emprisonné dans des habits gênants ;