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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/56

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la direction du mystic… mais la réflexion me retint.

Mon impatience, ma curiosité devinrent alors extrêmes ; je dis curiosité, parce que ce mot seul me semble bien exprimer l’impatience avide qui m’agitait.

Je sentais mes artères battre violemment, le sang m’affluer au cœur et mon front rougir.

À peine la détonation avait-elle longuement retenti… que le mystic sortit d’un épais nuage de fumée, ayant une de ses voiles à demi-carguée.

C’était un spectacle étrange.

À l’incertaine clarté de la lune, le corps de ce navire et ses cordages se dessinaient en noir sur le nuage blanchâtre que le vent poussait vers nous.

Un instant après, le mystic prolongea la goélette de l’arrière à l’avant, presque à la toucher.

Éclairé par le fanal, l’homme au capuchon noir tenait toujours le gouvernail ; d’une main il manœuvrait le timon, de l’autre il montrait le yacht, et je l’entendis crier en italien aux pirates qui se pressaient tumultueusement à son bord : — Ne tirez plus… à l’abordage ! à l’abordage !