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Page:Sue - Arthur, T3, 1845.djvu/78

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« Oui, Arthur, je vous dois la vie du corps, car j’existe ; je vous dois la vie de l’âme, car vous êtes mon ami.

« Savez-vous que si je ne connaissais pas la puissance de ma gratitude… je serais effrayé ?

« Depuis longtemps je cherchais le moyen de faire aussi, moi, quelque chose pour votre bonheur, à vous qui avez tant fait pour le mien.

« Ma tâche était difficile… vous aviez tout : jeunesse, intelligence, nom, fortune, généreux et noble caractère… Mais je m’aperçus qu’une fatale tendance annihilait de si rares avantages !

« Là était la source de vos malheurs. C’est à cette source que je voulus remonter pour la détourner. Que je le délivre à jamais de ses doutes affreux, me disais-je… ne me devra-t-il pas les avantages dont ce doute l’empêche de jouir ?

« Vous m’avez souvent dit que vos accès de défiance et de misanthropie chagrine sont les seuls véritables malheurs de votre vie… Mais savez-vous ce qui les cause, ces accès ?… — l’inaction morale dans laquelle vous vivez !

« Votre imagination est vive, ardente ; n’ayant pas d’aliment, elle vous prend pour victime !…