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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/12

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Quoiqu’il fût assez tard, il y avait peu de monde encore. Elle m’accueillit avec beaucoup de grâce ; mais je remarquai en elle je ne sais quoi de contraint, d’inquiet, de chagrin.

Il me semblait qu’elle eût désiré me parler en particulier.

Je tâchais de deviner quelle pouvait être sa pensée, lorsque, dans le courant de la conversation, M. de Sérigny, alors notre ministre des affaires étrangères, parla d’enfants, à propos d’un admirable portrait que Laurence venait d’exposer au Salon…

Madame de Fersen me jeta aussitôt un coup d’œil rapide, et se plaignit de ce que sa fille se trouvant sans doute fort dépaysée, était triste et souffrante depuis son arrivée à Paris ; aucune distraction n’avait pu l’arracher à sa mélancolie : ni les jeux, ni la promenade dans le grand jardin de l’hôtel.

« Mais, madame, — dis-je à madame de Fersen, espérant être compris, — ne devriez-vous pas envoyer plutôt mademoiselle votre fille aux Tuileries ? Elle y trouverait beaucoup de compagnes de son âge ; et, sans aucun doute, leur gaieté la distrairait. »

Un touchant regard de madame de Fersen me prouva que j’étais entendu ; car elle reprit