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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/121

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Je tombai dans une rêverie profonde, à la fois douce et triste…

Jamais peut-être je ne devais rencontrer une occasion plus favorable de dire à Catherine tout ce que je ressentais ; mais la délicatesse, mais la crainte de paraître parler au nom d’un service rendu me rendaient muet.

Tout à coup elle s’écria :

« Je vous en supplie, ne me laissez pas à mes pensées ; que j’entende votre voix… Dites-moi ce que vous voudrez… mais parlez-moi ; au nom du ciel ! parlez-moi.

— Que vous dirai-je ?… repris-je avec résignation.

— Qu’importe !… — s’écria-t-elle en joignant les mains d’un air suppliant ; — qu’importe ! … mais parlez-moi, mais arrachez-moi aux pensées qui m’obsèdent… ayez pitié, ou plutôt soyez sans pitié… accusez-moi, accablez-moi, dites-moi que je suis une femme assez ingrate, assez égoïste… assez lâche pour n’avoir pas le courage de la reconnaissance, — s’écria-t-elle en s’animant malgré elle, et comme si elle eût laissé échapper un secret trop longtemps contenu. — Ne ménagez pas vos reproches, car vous ne savez pas combien votre résignation me fait mal… vous ne savez pas combien je