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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/133

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et du devoir dont elles souffrent. Ces martyres de tous les instants, ces terreurs menaçantes que soulève chez elles le souvenir de l’honneur, de la famille, de la religion outragés ; ces épouvantables tortures, l’homme les traite de caprice ridicule, de scrupule de pensionnaire, ou de sotte influence de confessionnal.

Si la lutte se prolonge, si la pauvre femme épuisée use sa vie à sauver les apparences d’une douleur qui la déshonore, et résiste vaillamment à commettre une autre faute, l’homme s’irrite, se révolte contre ces pruderies qui le blessent dans son amour-propre, dans le vif de sa passion avide et brutale ; une dernière fois il injurie à tant de vertu, à tant de malheur et à tant de courage, en disant à cette femme désolée que ce regain de principes est un peu tardif ; et, ivre d’une ignoble vengeance, il court aussitôt afficher une autre liaison avec le cynisme de sa nature.

Et il a été aimé, et il est aimé ! et une femme, et belle et vertueuse, a risqué pour lui son bonheur, son avenir, celui de ses enfants ! tandis que lui eût lâchement reculé devant le moindre de ces sacrifices…

Pourquoi donc si misérable, et pourtant si adoré ?… Parce que les femmes aiment bien