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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/167

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C’est une pauvre suppliante bien triste, bien malheureuse, qui vient vous demander d’être indulgent et bon pour elle ; elle veut se faire pardonner tout ce qu’elle a souffert aujourd’hui ; elle espère être seule ce soir ; elle vous attendra… venez… elle est d’ailleurs bien décidée à ne plus vous donner l’Europe pour rivale

Dans ma disposition d’esprit, cette lettre à la fois tendre et suppliante, cette innocente allusion à mes reproches, me sembla si humblement insolente, si froidement injurieuse, que je fus sur le point d’écrire à madame de Fersen, que je ne la reverrais jamais.

Mais je changeai d’idée.

Je lui écrivis que je me rendrais chez elle le soir.

J’attendis cette heure avec une affreuse anxiété.

J’avais mon projet…

À dix heures j’allai chez madame de Fersen, je croyais la trouver seule…

Mille pensées confuses se heurtaient dans ma tête. La colère, la haine, l’amour, un remords anticipé du mal que j’allais faire, un vague instinct de l’injustice de mes soupçons, tout me mettait dans un état de fièvre et