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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/170

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Elle connaissait trop bien toutes les nuances de ma physionomie, son cœur avait trop l’instinct du mien, elle était d’une nature trop sensitive pour ne pas deviner qu’il s’agissait cette fois non plus d’une bouderie d’amants, mais de quelque grand danger qui menaçait son amour.

Elle pressentait ce danger… elle en cherchait la cause avec désespoir, et elle était obligée de sourire et de suivre une conversation indiffèrente…

Cette torture dura une heure.

Pourtant sa force et son empire sur elle-même l’abandonnèrent peu à peu ; deux ou trois fois ses distractions étranges avaient été remarquées ; enfin ses traits s’altérèrent si visiblement, que M. de*** lui demanda si elle était souffrante…

À cette question elle se troubla, elle répondit qu’elle se trouvait bien, et sonna pour demander le thé.

Il était alors onze heures.

Elle saisit le prétexte du dérangement momentané que cause ce service pour s’approcher de moi et pour me dire :

— Voulez-vous voir un tableau qu’on me propose d’acheter ? il est là dans le petit salon…