Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

chanteresse sans me rappeler le divin caractère des vierges de Raphaël [1].

Mon admiration fut si significative, mon étonnement de rencontrer tant de perfections au fond d’une ferme fut si grand, et je cachai sans doute si peu ces impressions, que Marie parut très-interdite.

— C’est ma nièce, monsieur, — me dit la fermière, qui ne s’aperçut ni de ma surprise ni du trouble de Desdemona. — C’est la fille de mon pauvre frère, tué à Waterloo, lieutenant de la vieille garde… Nous avons pu, grâce à la protection de monseigneur l’évêque de Nantes, faire entrer Marie à Saint-Denis, où elle a été élevée comme une demoiselle ; elle est restée là jusqu’à l’époque de son mariage, qui a eu lieu à Nantes, il y a bientôt un an, — dit madame Kerouët avec un soupir. Puis elle reprit : — Mais asseyez-vous donc, monsieur ; et toi, Marie, va donc chercher une bouteille de vin et un morceau de galette chaude.

— Mille grâces, madame, — lui dis-je, — je ne prendrai rien… Une fois la pluie passée, je me remettrai en route. »

  1. Voir le premier volume d’Arthur, le Cottage.