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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/186

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Sans doute embarrassée de sa contenance, Marie prit le rouet de sa tante.

« Vous allez peut-être au château de Cerval ? — me dit la fermière.

— Non, madame ; je vous ai dit que j’allais à Blémur.

— Ah ! oui, à Blémur… pardon, monsieur… cela vaut mieux pour vous…

— Comment, madame ? le maître du château de Cerval est-il donc inhospitalier ?

— Je ne sais pas, monsieur ; mais on dit qu’il n’a pas plus envie de voir des figures humaines, que les figures humaines n’ont envie de le voir, — reprit madame Kerouët.

— Et pourquoi cela ? il vit donc bien solitaire ?

— Hum, hum ! — fit la fermière en secouant la tête, — j’arrive dans le pays, et je ne puis pas savoir si les vilaines histoires qu’on débite sur lui sont vraies ; et puis d’ailleurs, monsieur, le comte est notre maître, et un bon maître, dit-on ; aussi je ne dois pas parler de ce qui ne me regarde pas. Mais, Marie, tu me mêles encore tout mon lin. — s’écria-t-elle en s’adressant à la jeune femme. — Tu ne sauras jamais te servir d’un rouet : donne-moi ma quenouille.