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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/191

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m’intéressait toujours, parce qu’elle m’instruisait de mille faits curieux relatifs à l’agriculture. Quelquefois son esprit juste s’élevait très-haut par le seul ascendant d’une foi profonde ; et, je l’avoue, je me demandais en vain le secret d’une religion qui jetait parfois de si vives clartés sur une intelligence naïve et simple.

Je venais assidûment à la ferme depuis deux mois lorsqu’un jour madame Kerouët me dit ; « Vous devez vous étonner, n’est-ce pas, de voir Marie presque veuve ?… Comme vous êtes notre ami, je vais vous raconter cette triste histoire. Figurez-vous, monsieur, que mon mari et moi nous tenions à bail une ferme à Thouars, près de Nantes. Cette ferme appartenait à M. Duvallon, très-riche armateur de la ville, qui avait commencé sa fortune en faisant la course comme corsaire pendant la guerre avec les Anglais. Quoiqu’il fût bourru, M. Duvallon était bon ; il aimait beaucoup mon mari. Un jour, Kerouët lui parla de notre nièce qui allait bientôt sortir de Saint-Denis. Avec sa belle éducation, cette chère enfant ne pouvait épouser un paysan, et nous n’étions pas assez riches pour la marier à un monsieur. Voyant notre embarras, M. Duvallon dit à Kerouët : « Si votre nièce est raisonnable, moi je me charge de l’établir. —