Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

il me parut un peu rassuré, lorsqu’il vit madame de V*** assise entre lady Bury et une autre femme.

M. de Serigny, alors ministre des affaires étrangères, était un homme de cinquante ans environ, d’un extérieur insignifiant et quelque peu négligé. Il affectait des dehors de brusquerie, de laisser-aller irréfléchi, qui, calculés ou non, l’avaient toujours, disait-on, singulièrement servi dans les affaires. C’était un homme d’esprit fin et délié, mais dans le monde il usait rarement de cet esprit ; sa grande supériorité se résumait par le silence, ainsi que toute l’expression de sa physionomie se concentrait dans son sourire. Or, ce silence et ce sourire se commentant, se complétant, s’interprétant l’un par l’autre, savaient tour à tour être si admirablement flatteurs, ironiques, malins ou distraits, que ce langage muet avait réellement une très-grande signification.

Jaloux à l’excès, sa passion pour madame de V*** était en effet d’une violence extrême, du moins au dire du monde, dont Pommerive n’était que l’écho fidèle.

Lorsqu’un homme de l’âge, du caractère et de la position de M. de Serigny s’éprend sérieusement d’une femme aussi légère, aussi co-