Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/21

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quette que l’était madame de V***, sa vie amoureuse ne doit être qu’une longue torture.

Voulant voir M. de Serigny dans son emploi de martyr, je passai derrière la causeuse où était madame de V***, et j’allai la saluer.

Je connaissais la vivacité de ses manières et je m’attendais à l’explosion d’une reconnaissance amicale. J’avais autrefois refusé les conditions qui auraient pu me faire réussir auprès d’elle, mais je l’avais quittée dans les meilleurs termes, en tenant très-secret tout ce qui s’était passé entre nous ; or, madame de V***, qui, par malheur, s’était souvent exposée à être peu ménagée, devait me savoir gré de ma réserve.

En effet, à peine eut-elle entendu ma voix, que, se retournant brusquement, elle me tendit la main en s’écriant avec sa volubilité habituelle :

— Quelle bonne surprise ! et que je suis heureuse de vous revoir !… Mais vous êtes donc tombé des nues, qu’on ne savait rien de votre retour ? et moi qui ai justement tant de remerciements à vous faire !… Mais, tenez, donnez-moi votre bras, nous allons nous établir dans quelque coin solitaire du salon voisin ; car vous ne savez pas tout ce que j’ai à vous dire.