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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/203

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reconnu en elle des principes si arrêtés, des sentiments religieux si prononcés, un instinct de devoir si profond, que je devais m’attendre à une lutte longue et douloureuse peut-être, et pourtant mille riens très-significatifs me donnaient la mesure d’une affection que Marie ignorait peut-être encore elle-même.

Le soir, lorsque j’avais dîné à la ferme, madame Kerouët, assise au coin du feu dans son grand fauteuil de tapisserie, filait sa quenouille, tandis que Marie et moi, réunis à la même table, nous mettions en ordre les récoltes de nos herborisations d’hiver.

Lorsqu’il fallait fixer sur le papier les légers filaments des plantes, souvent nos mains s’effleuraient ; souvent lorsque, tous les deux courbés sur la table, nous semblions très-attentifs à nos importants travaux, mes cheveux touchaient les cheveux de Marie, ou bien son souffle jeune et frais venait caresser ma joue.

Alors Marie rougissait, son sein s’agitait rapidement, son regard devenait distrait, et quelquefois sa main s’affaissait sur le papier…

Puis, semblant sortir d’un rêve, elle me disait d’un ton de reproche affecté : « Mais