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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/24

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attention, occupe qu’il était à épier madame de V***.

« Ah çà ! — avais-je dit à celle-ci, — c’est donc vrai ? vous tenez donc dans ces mains charmantes le sort de l’Europe ? Le règne des femmes souveraines et des ministres esclaves va donc revenir ? Quel bonheur ! cela sent son rococo d’une lieue, et a fort bon air… Tenez, par exemple, dans ce moment-ci, vous me paraissez furieusement embrouiller les destinées du grand duché de ***, car le chargé d’affaires de cette pauvre cour me parait a bout de raisonnements, et votre ministre le regarde comme s’il lui parlait turc.

— Épuisons une bonne fois pour toutes ce triste sujet de conversation, — me dit vivement madame de V***, — et n’y revenons plus. Eh bien ! oui, M. de Serigny s’occupe de moi avec acharnement, je ne refuse pas ses soins, et je suis même très-coquette pour lui, parce que je ne trouve rien de plus amusant que de dominer un homme aussi haut placé ; et puis, comme on me suppose autant d’influence sur lui qu’on lui suppose de confiance en moi, vous n’avez pas idée des pièges que me tend le corps diplomatique pour me faire parler… Or, pour me divertir, je fais naïvement les demi-confi-