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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/26

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bien vous avez été bon et généraux pour moi dans cette circonstance ! — Et madame de V*** me regardait d’un air attendri, et je vis une larme rouler un moment dans ses grands yeux, ordinairement si gais et si brillants.

Je fus d’abord tenté de prendre cette larme égarée pour un savant effet de regard ; mais l’esprit de cette femme était si mobile, si changeant, que je crus à la sincérité de cette émotion passagère ; j’en fus toucbé ; mais chez elle la sensibilité ne pouvant être qu’un accident, je repris :

— J’ai fait pour vous ce que tout galant homme aurait fait ; mais vous, faites donc pour moi quelque chose de méritoire… voyons, aimez-moi franchement à votre manière : en coquette, en étourdie, en infidèle si vous voulez, je vous imiterai, et comme on n’est jamais plus aimable que lorsqu’on a des torts à se faire pardonner, nous serons sûrs d’être toujours charmants ; rien ne sera plus délicieux ; nous nous confierons fidèlement toutes nos trahisons ; nous nous tromperons enfin le plus loyalement du monde !…

— Monsieur Arthur, — me dit madame de V***, toujours d’un air sérieux, attendri, et avec un accent qui me semblait presque ému,