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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/30

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Je vis avec plaisir que madame de Fersen, en confiant cette fois sa fille à sa gouvernante, dont elle connaissait l’attachement et la sûreté, avait compris la nécessité de tenir ces rendez-vous secrets.

Les larmes me vinrent aux yeux en voyant combien Irène était changée… Sa délicieuse figure était pâle et souffrante, non plus de son habituelle pâleur, délicate et rosée, mais d’une pâleur maladive ; ses grands yeux étaient battus, et ses joues, ordinairement si fermes et si rondes, se creusaient légèrement aux pommelles.

Irène ne m’aperçut pas d’abord ; elle marchait à coté de sa gouvernante, sa jolie tête tristement baissée, ses bras pendants, et elle refoulait du bout de ses petits pieds les feuilles mortes qui encombraient les allées.

« Bonjour Irène, » — lui dis-je.

À peine eut-elle entendu le son de ma voix qu’elle poussa un cri perçant, se jeta dans mes bras, ferma les yeux et s’évanouit.

Un banc était tout près, je l’y portai, aidé de madame Paul, sa gouvernante.

« Je craignais cette secousse, monsieur, — me dit celle-ci ; — heureusement j’ai emporté des sels… Pauvre enfant ! elle est si nerveuse !