Aller au contenu

Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

joyeux et si francs ; ils allaient quelquefois jusqu’à la convulsion. Dans ces cas extrêmes, l’homme se cramponnait à deux mains à la barre qui sépare les stalles de l’orchestre des musiciens, et, fort de ce point d’appui, il s’en donnait à cœur joie.

Rien n’est plus contagieux que le rire ; or, déjà mis fort en gaieté par les lazzis de la pièce, la folle hilarité de cet homme me gagna malgré moi, et bientôt je ne fus plus pour ainsi dire que son écho, car je répondais à chacun de ses éclats immodérés par une explosion de ris non moins désordonnés…

En un mot, je ne m’aperçus pas que madame de Fersen avait quitté la salle avant la fin de la pièce.

La toile baissée, je me levai.

L’homme qui riait si fort en fit autant, se tourna de mon coté en mettant son chapeau, et dit ces mots avec un reste de profonde jubilation : « Farceur d’Odry ! va !!! »

Stupéfait, je m’appuyai sur le dossier de ma stalle…

Je reconnus le pirate de Porquerolles, le pilote de Malte…

Je restai cloué à ma place, qui se trouvait la dernière au fond de l’orchestre.