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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/45

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La sienne étant en face de la mienne, personne n’avait à passer devant nous, et les spectateurs s’écoulaient lentement.

C’était bien lui !

C’était bien son regard, c’était bien sa figure osseuse et cuivrée, ses sourcils noirs et épais, ses dents aiguës, séparées et pointues, car il souriait de son singulier sourire en me regardant avec audace.

La rampe du théâtre se baissait, l’obscurité envahissait la salle.

« C’est vous !… — m’écriai-je enfin en sortant de ma stupeur, et comme si ma poitrine eût soulevé un poids énorme.

— Eh ! sans doute, c’est moi ! vous me reconnaissez donc ?… Porquerolles et Malte ! voilà le mot d’ordre.

— Misérable !… — m’écriai-je.

— Comment, misérable ? — reprit-il avec une incroyable effronterie. — Nous nous sommes pourtant cognés bon jeu bon argent, j’espère ! Si dans l’abordage je vous ai donné un coup de poignard à l’épaule, vous m’avez répondu par un fameux coup de hache sur la tête, mon bon ami ! D’un autre coté, si vos chiens d’Anglais ont échiné l’équipage de mon mystic, j’ai eu l’avantage de crever le ventre