Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/51

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pas d’abuser plus longtemps de votre excessive obligeance à son égard, monsieur…

L’accent de madame de Fersen était glacial, presque dédaigneux. Ce qu’elle disait paraissait si vrai, si naturel, si peu dicté par le dépit, que je fus atterré… Je souffrais cruellement ; je ne pouvais trouver un mot à répondre.

Mon silence fut assez expressif pour que madame de Fersen se crût obligée d’ajouter très-sèchement :

« Je vous parais sans doute bien ingrate, monsieur ? »

Par deux fois je cherchai à interroger son regard, ordinairement si bienveillant, pour voir s’il serait d’accord avec la dureté de ses paroles mais je ne pus le rencontrer.

« Madame, — lui dis-je avec une émotion profonde, — je ne sais ce qui a pu me mériter un pareil accueil…

— Et quel accueil pouviez-vous donc prétendre de moi, monsieur ? » — me dit fièrement madame de Fersen.

Mon douloureux étonnement était à son comble ; un moment pourtant je voulus me faire encore illusion, attribuer à la jalousie cette réception si différente de celle que j’espérais ; mais, je le répète, la physionomie de ma-