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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/58

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vous abusiez à ce point sur vous-même, tel modeste que vous soyez. Vous savez bien qu’on n’a pas le succès que vous avez dans le monde, sans une valeur très-remarquable. Vous êtes certainement un des hommes de la société qui se prodigue le moins, et dont on parle le plus ; or, voyez-vous, à moins d’avoir un des grands noms historiques de France, à moins d’être un grand poète, un grand artiste ou un grand homme d’État, ce qu’il y a de plus rare à acquérir dans le monde, croyez-en ma vieille expérience, c’est ce je ne sais quoi qui fait qu’on se retourne quand on vous annonce dans un salon… Eh bien, vous jouissez de ce privilége-là : vous êtes très-jeune, et pourtant vous avez de l’influence, de l’action sur le monde, puisqu’il se préoccupe beaucoup de ce que vous faites ou de ce que vous ne faites pas. »

Ces flatteries exagérées me parurent si transparentes que je vis clairement que M. de Serigny voulait, qu’on excuse cette vulgarité, me prendre par les sentiments pour m’engager à renoncer par point d’honneur à madame de V***. Quoique je fusse dans une triste disposition d’esprit, celle comédie m’amusa, et je tâchai de la faire durer le plus longtemps possible en