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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/80

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Au lieu de quitter le bal, le roi s’assit sur un canapé placé près de lui, et me dit : — Mais racontez-moi donc cette histoire dont vient encore de m’entretenir lord Stuart : c’est très-extraordinaire ; ça a l’air d’un roman.

Lorsque le roi s’était assis en me parlant, les personnes qui l’accompagnaient s’étaient tenues discrètement à l’écart.

Je racontai donc au roi l’histoire du pirate de Porquerolles ; il m’écouta avec intérêt, me fit plusieurs questions, me remercia très-gracieusement et se retira.

Le roi parti, je fus le centre de tous les regards ; on n’y concevait rien : Sa Majesté s’en allait, elle me rencontre, et voilà qu’elle demeure plus d’un quart d’heure en conversation particulière avec moi…

Décidément je devais être un homme de la dernière importance.

Sachant que rien n’est plus ridicule que de paraître vouloir jouir de son évidence après une scène pareille, j’allais quitter le bal lorsque je vis venir à moi madame de Fersen, que je n’avais pas rencontrée depuis quelque temps ; elle me parut si changée, si maigrie, que sa vue me fit un mal affreux…

Je la saluai sans l’attendre, et je me retirai.