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Page:Sue - Arthur, T4, 1845.djvu/95

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« J’ai peur ! » — dit-elle d’un air égaré.

Et elle rendit la cuiller au médecin.

Celui-ci la remplit de nouveau, et d’une main ferme la présenta aux lèvres d’Irène.

L’enfant but sans répugnance.

Il serait impossible d’exprimer avec quelle angoisse mortelle, avec quel effroi nous attendîmes l’effet de ce breuvage.

Le médecin lui-mème, avidement penché sur le lit, couvait la figure d’Irène d’un œil ardent.

Bientôt la liqueur opéra.

Peu à peu Irène agita ses bras et ses mains, ses joues se colorèrent d’une faible rougeur… Elle retourna plusieurs fois vivement sa tête sur son oreiller… poussa quelques petits cris plaintifs… ferma ses yeux puis les rouvrit…

La lumière était en face d’elle. Cette vive clarté lui fut douloureuse, car elle porta ses mains à ses yeux.

« Elle voit… elle voit ! — dit le médecin avec une vivacité qui nous sembla de bon augure.

— Elle est sauvée ! — s’écria Catherine joignant ses mains comme si elle eut remercié le ciel.

— Pas de fol espoir ! madame, — reprit sé-