Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 7-8.djvu/31

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d’une manière pittoresque, mademoiselle de Cardoville ressemblait ce jour-là à l’un de ces fiers portraits de Velasquez à la tournure si noble et si sévère… Sa robe était de moire noire à jupe largement étoffée, à taille très-longue et à manches garnies de crevés de satin rose lisérés de passequilles de jais. Une fraise à l’espagnole, bien empesée, montait presque jusqu’au menton, et était comme assujettie autour du cou par un large ruban rose. Cette guimpe, doucement agitée, s’échancrait sur les élégantes rondeurs d’un devant de corsage en satin rose lacé de fils de perles de jais, et se terminant en pointe à la ceinture.

Il est impossible de dire combien ce vêtement noir, à plis amples et lustrés, relevé de rose et de jais brillant, s’harmonisait avec l’éblouissante blancheur de la peau d’Adrienne et les flots d’or de sa belle chevelure, dont les soyeux et long anneaux tombaient jusque sur son sein.

La jeune fille était à demi couchée et accoudée sur une causeuse recouverte en lampas vert ; le dossier, assez élevé du côté de la cheminée, s’abaissait insensiblement jusqu’au pied de ce meuble. Une sorte de léger treillage de bronze doré, demi-circulaire, élevé de cinq pieds environ, tapissé de lianes fleuries (admirable passiflores quadrangulatae, plantées dans une