Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/420

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sus), le Romain reprit donc avec emphase :

— Vous avez raison, mon père, on ne serre pas une lumière contre son cœur, mais on se prosterne devant elle pour admirer son éclat resplendissant, éblouissant.

Et le père Caboccini allait joindre l’action à la parole, et s’agenouiller devant Rodin, si celui-ci n’eût prévenu ce mouvement d’adulation, en retenant le Romain par le bras et lui disant avec impatience :

— Voici qui devient de l’idolâtrie, mon père ; passons, passons sur mes qualités et arrivons au but de votre voyage ; quel est-il ?

— Ce but, mon cher père, me remplit de joie, de bonheur, de tendresse ; j’ai tâché de vous témoigner cette tendresse par mes caresses et mes embrassades, car mon cœur déborde ; c’est tout ce que j’ai pu faire que de le retenir pendant toute la route, car il s’élançait toujours ici vers vous, mon cher père ; ce but, il me transporte, il me ravit ; ce but… il…

— Mais ce but qui vous ravit, s’écria Rodin exaspéré par ces exagérations méridionales interrompant le Romain, ce but, quel est-il ?

— Ce rescrit de notre révérendissime et excellentissime général vous en instruira, mon très-cher père…