Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 9-10.djvu/421

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Et le père Caboccini tira de son portefeuille un pli cacheté de trois sceaux qu’il baisa respectueusement avant de le remettre à Rodin, qui le prit et, après l’avoir baisé de même, le décacheta avec une vive anxiété.

Pendant qu’il lut, les traits du jésuite demeurèrent impassibles, le seul battement précipité des artères de ses tempes annonçait son agitation intérieure.

Néanmoins, mettant froidement la lettre dans sa poche, Rodin regarda le Romain et lui dit :

— Il en sera fait ainsi que l’ordonne notre excellentissime général.

— Ainsi, mon père, s’écria le père Caboccini avec une recrudescence d’effusion et d’admiration de toute sorte, c’est moi qui vais être l’ombre de votre lumière, votre second vous-même ; j’aurai le bonheur de ne vous quitter ni le jour ni la nuit, d’être votre socius, en un mot, puisque, après vous avoir accordé la faculté de n’en point avoir pendant quelque temps, selon votre désir et dans le meilleur intérêt des affaires de notre sainte compagnie, notre excellentissime général juge à propos de m’envoyer de Rome auprès de vous pour remplir cette fonction ; faveur inespérée, immense, qui me remplit de reconnaissance pour notre général et de ten-