Page:Sue - Martin l'enfant trouvé, vol. 5-6.djvu/344

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Dieu dans un fiacre dont il se servait habituellement pour ses visites. J’avais voulu respectueusement monter à côté du cocher ; il m’arrêta et me dit de sa grosse voix rude :

— Où vas-tu ?

— Je vais me placer à côté du cocher, Monsieur…

— Est-ce qu’il n’y a pas de place auprès de moi ?

— Pardonnez-moi, Monsieur… mais le respect… je…

Il haussa les épaules, monta le premier, et me fit signe de m’asseoir à ses côtés.

Lorsque le fiacre se fut mis en marche, le docteur me dit :

— Tu as souffert, tu as lutté, tu es sincère, il y a de l’homme en toi… J’aime ça, tu te plieras à mes habitudes… et tu ne regretteras pas ton sort pendant les trois ou quatre mois que nous passerons ensemble, et après… si… tu m’as satisfait…

— Comment, Monsieur ? — lui dis-je avec surprise, en l’interrompant, — dans trois ou quatre mois ? vous me… renverrez ?

— Dans trois ou quatre mois au plus tard, et peut-être bien auparavant, — me répondit le docteur, — je serai mort…

— Vous, Monsieur ?… — m’écriai-je, — et pourquoi à cette époque ?

— Pourquoi mourras-tu un jour, toi ?

— Dame… Monsieur… parce que nous sommes tous mortels… Mais comment prévoir ?…

— Avec une bonne maladie incurable… de l’expérience et du coup d’œil… on connaît son affaire sur le