Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/146

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que la déclamation. M. Cousin déclame, et il le faut bien ; car qu’est-ce que la déclamation, sinon l’accent oratoire employé là où il faudrait le style simple ? Or, M, Cousin a naturellement l’accent oratoire, et dans ce tableau de mœurs élégantes, de galanteries aimables, de jolis péchés et d’amusements littéraires, le style simple de la narration aisée était le seul qui ne fût pas déplacé. Écoutez ce ton de tribune :

Ah ! sans doute, dit-il, il eût mieux valu lutter contre son cœur, et à force de courage et de vigilance se sauver de toute faiblesse. Nous mettons un genou en terre devant celles qui n’ont jamais failli. Mais quand à Mme de Longueville ou à Mlle de La Vallière on ose comparer Mme de Maintenon avec les calculs sans fin de sa prudence mondaine et les scrupules tardifs d’une piété qui vient toujours à l’appui de sa fortune, nous protestons de toute la puissance de notre âme. Nous sommes hautement pour la sœur Louise de la Miséricorde et pour la pénitente de M. Singlin et de M. Marcel. Nous préferons mille fois l’opprobre dont elles essayent en vain de se couvrir, à la vaine considération qui a entouré dans une cour dégénérée Mme Scarron, devenue en secret la femme de Louis XIV.

Luxe d’adjectifs, mouvements oratoires, tout y est. Il y a de plus ici je ne sais quel vide emphatique et quel fracas maladroit de séminaire. Voulez-vous des apostrophes ? « Non, dit M. Cousin à La Rochefoucauld, ce n’est pas pour plaire à Mme de Longueville que vous vous êtes engagé