Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/178

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une expérience particulière, l’addition et la soustraction. On peut la transformer soit en lui ajoutant quelque chose, soit en lui retranchant quelque chose. Des deux voies, vous n’en fermez qu’une à l’adversaire ; vous lui fermez l’addition ; vous ne lui fermez pas cette opération qui retranche, et qu’on nomme abstraction. Oubliant qu’elle existe, vous avez supposé qu’elle n’existe pas, et vous avez pris pour accordé ce qu’on ne vous accorde pas.

Deuxième pétition de principe. Vous dites qu’en additionnant un nombre limité d’objets finis, on ne forme pas un objet infini. Cela est vrai. Mais vous supposez, par un oubli semblable au précédent, que l’addition est le seul moyen par lequel de l’idée d’un objet fini on puisse tirer l’idée d’un objet infini. Ce qui n’est pas. On peut faire sur une idée comme sur un jugement deux opérations, l’addition et la soustraction que nous venons d’appeler abstraction. Vous nous avez interdit l’addition, vous ne nous avez point ôté l’abstraction. Vous avez raisonné comme si on vous accordait qu’il n’y a qu’une méthode de transformation. Ce qui est une pétition de principe, puisque la pétition de principe consiste à prendre pour accordé ce qu’on ne vous accorde pas.

Première équivoque. Quand vous dites qu’on ne peut pas tirer d’une proposition contingente une proposition nécessaire, vous prononcez une phrase