Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/177

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nécessaires et absolues, d’un seul mot on l’appelle Dieu[1]. »

M. Cousin, au dernier chapitre, rassemble toutes les preuves et toute la théorie en une page[2]. « Les vérités universelles et nécessaires ne sont pas des lois générales que notre esprit tire par voie d’abstraction des choses particulières ; car les choses particulières sont relatives et contingentes et ne peuvent renfermer l’universel et le nécessaire. D’un autre côté, ces vérités ne subsistent pas en elles-mêmes ; elles ne seraient ainsi que de pures abstractions, suspendues dans le vide et sans rapport à quoi que ce soit. La vérité, la beauté, le bien, sont des attributs et non des êtres. Or, il n’y a pas d’attributs sans sujet. Et comme il s’agit ici du vrai, du beau, du bien absolus, leur substance ne peut être que l’Être absolu. »

Cette théorie repose sur deux pétitions de principe et sur deux équivoques de langue :

Première pétition de principe. Vous dites qu’en additionnant un nombre limité d’expériences, on ne forme pas un jugement universel. Rien de plus vrai. Mais vous prenez pour accordé que l’addition est le seul moyen par lequel on puisse tirer d’une expérience particulière un jugement universel. Ce qui n’est pas. Car on peut faire deux opérations sur

  1. Du Vrai, du Beau et du Bien.
  2. Ibid. 3 p. 415.