Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/29

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santé. Mais vous me l’accordez toujours, et vous voulez bien me dire souvent que vous m’avez entendu.

Au milieu de ces analyses se glissaient de petites phrases un peu malicieuses, railleries à peine indiquées et aussitôt réprimées, si légères que les gens qu’elles effleuraient devaient eux-mêmes sourire, et lui savoir bon gré de les avoir repris. Depuis dix leçons déjà, il parlait de métaphysique, sans avoir défini ni le mot ni la chose ; plusieurs auditeurs, embarrassés, et voulant à toute force une formule pour la mettre en tête de leurs cahiers, le pressaient d’interrogations.

Voici encore une leçon, dit-il en montant en chaire, qui m’est commandée par les questions que l’on m’adresse. Et je ne dois pas craindre que mon cours de philosophie en soit plus mal ordonné. Comme vos questions se rapportent toujours à ce qui vient d’être dit, il faut bien que mes réponses, si elles ont quelque justesse, soient enharmonie avec ce que j’ai enseigné précédemment. Ainsi, tout écart m’est défendu, et c’est à vous que je le dois.

Ceci est un compliment d’entrée, une politesse gracieuse et pourtant équivoque, bienveillante si l’on veut, et si l’on veut, ironique.

La suite va nous l’apprendre :

Je cherche à m’expliquer le motif d’une question pareille. Comme, dans bien des têtes, les mots métaphysique, obscurité, difficulté, se trouvent confondus, il se pourrait que, si j’ai quelquefois eu le bonheur de m’expliquer avec clarté, on ait cru entendre autre chose que de la mé-