Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/290

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lui sont propres. Cet axiome ressemble à ceux de la géométrie et ne dépend pas de l’observation.

« Si chaque être a une fin qui lui est propre, il a dû recevoir une nature et une organisation adaptées à cette fin. » Fort bien encore. Étant donné un fait il y a toujours une cause, force ou nécessité, qui le produit ; sans cela, il ne se produirait pas. Si le bœuf n’était pas construit de manière à sentir, il ne sentirait point. Si le chien n’avait ni os, ni muscles, ni nerfs, il ne pourrait courir. Ceci est encore un axiome, appelé principe de la raison suffisante, et pareil au précédent.

« La fin d’un être est son bien. » Nous admettons cette maxime, et de plus nous la prouvons. Le bien, pour le chien, est de persévérer dans son type, de manger, de se reproduire, de sentir, d’associer des images, de se mouvoir ; l’empêchement de ces opérations est son mal. Le bien pour la plante est de végéter et fleurir ; son mal est d’être arrêtée dans sa floraison ou dans sa croissance. En effet, par la proposition précédente, les groupes de faits principaux qui composent la vie d’un être sont l’effet de ses forces ou tendances principales. Ils sont donc le terme vers lequel l’être tend ou aspire, et l’objet d’une tendance ou aspiration est ce que nous appelons un bien. La plante tend à végéter : donc la végétation est un bien pour elle, Cet animal aspire à se