Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/291

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mouvoir : donc pour lui le mouvement est un bien. Jusqu’ici vos déductions sont rigoureuses. Vous avez reconnu dans les êtres des groupes distincts de faits principaux, et vous les avez appelés destinée. Vous avez conclu que les tendances qui les produisent peuvent les produire. Vous avez remarqué que le terme vers lequel se porte une tendance s’appelle un bien ; et vous avez conclu que la destinée d’un être est son bien. Cela est géométrique, et voilà un morceau de morale presque parfait.

« La destinée d’un être est appropriée à sa nature. Or, la nature de l’homme est composée d’aspirations infinies que notre condition présente ne peut satisfaire : donc notre destinée présente n’est pas de les satisfaire, mais d’atteindre la seule chose qui soit en notre pouvoir, la vertu. » — « La nature d’un être indique sa destinée. Or, la nature de l’homme est composée d’aspirations infinies que notre condition présente ne peut satisfaire : donc il y a pour nous une destinée future, et une série de vies où nous pourrons les contenter. » Confusion sur confusion ; tout est brouillé et tout est perdu. On va le voir par des exemples.

« La nature d’un être indique sa destinée. » Cette proposition est générale pour M. Jouffroy ; elle s’applique dans son raisonnement au bœuf aussi bien qu’à l’homme. Or, la nature du bœuf est de