Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/313

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mots scolastique et oiseuse ; à exprimer les faits par des notations vagues, inexactes en elles-mêmes et grosses d’erreurs.

De là l’isolement et l’impuissance de cette philosophie. Elle est restée dans un coin, amie de la littérature, divorcée des sciences, au lieu d’être comme les philosophies précédentes, la science gouvernante et rénovatrice. Sa doctrine métaphysique des forces est restée sur l’arrière-plan, à peine esquissée par M. de Biran et M. Jouffroy, à peine acceptée par M. Cousin, oubliée, inutile, impopulaire. À vrai dire, le système n’a point eu de métaphysique ; les sciences positives se sont développées sans lui, ne recevant de lui aucune idée générale et directrice, contredisant même celle que M. Jouffroy et M. de Biran avaient entrevue[1]. D’autre part, il n’a point eu de logique ; les méthodes des sciences positives se sont développées sans lui, toujours réglées par Bacon et Newton, privées par lui de l’analyse et de la clarté qu’y avaient portées les maîtres du dix-huitième siècle, contredites par lui, condamnées par lui à ignorer.

  1. Rien de plus contraire à la théorie des forces, individus spirituels, que la doctrine de Geoffroy Saint-Hilaire et les découvertes récentes sur les animaux inférieurs. (Lire, par exemple, Quatrefages, Revue des Deux-Mondes, les Métamorphoses et la généagenèse, 1er et 15 avril 1855 ; 1 er et 15 juin, 1er juillet 1856.)