Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/330

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tés, la première, la seconde et la troisième, et que, jusqu’à la fin du siècle, pour expliquer l’idée de l’infini, on dira qu’elle vient de la raison, faculté de l’infini.

La chose, cependant, n’est point certaine, et lorsqu’on regarde autour de soi, un signe fâcheux donne à penser. Si l’on excepte les élèves qui croient sur parole, les professeurs qui croient par état, et les inventeurs qui croient à titre d’inventeurs, on trouve que sur la foule, savants, jeunes gens et gens du monde, cette philosophie n’a plus de prise, Ceux-ci admettent comme l’école Dieu, l’âme, le devoir ; mais l’obligation en est au catéchisme et à l’opinion plus qu’à l’école. Ces idées populaires sont une foi et non une conviction, un legs de la tradition, et non une conquête de la science. À titre de science, le spiritualisme n’est pas. Ses preuves n’intéressent point ou n’intéressent plus. Il n’a plus l’air d’une philosophie, mais d’un dépôt. Il reçoit les opinions saines qui coulent jusqu’à lui de toutes les parties de l’histoire, les recueille, les clarifie, et puis c’est tout. De vues nouvelles, ne lui en demandez point, il n’en a pas ; bien plus, il n’en cherche point ; il aurait peur de quitter les opinions saines et de s’engloutir dans l’invention, qui est l’hérésie. Le public l’approuve, mais jamais on ne vit d’approbation plus froide. Si on lit un de ses maîtres, c’est pour son grand