Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/356

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acide, il n’opère point ; que ce ferment et cet acide, réduits à eux-mêmes, opèrent. On conclut que ce sont eux qui opèrent la digestion.

On constate par la chimie le changement subi par l’aliment liquéfié. On remarque qu’il est non-seulement dissous, mais encore métamorphosé, sans avoir reçu, du reste, aucune substance nouvelle, et l’on dit qu’il a fermenté.

On étudie par la chimie la nature nouvelle de ce liquide ; on trouve que tout aliment composé de matières neutres azotées s’est transformé en une substance définie, nommée albuminose, laquelle peut être assimilée, c’est-à-dire réparer les pertes du corps.

Voilà une seconde traduction. Le mot digestion n’exprime pas à présent un fait plus distinct que tout à l’heure ; il exprime un fait plus complexe. Il n’a pas gagné en clarté, mais en fécondité. Il ne désigne pas des circonstances plus nettes, mais plus de circonstances : et désormais tout l’effort des physiologistes est d’accroître cette quantité.

Mais vous voyez en même temps par quel procédé ils l’accroissent. L’observation directe, telle que la fait le vulgaire, leur fournit très-peu de faits. S’ils s’y enfermaient, ils auraient beau être attentifs, ils n’en découvriraient guère. Ils sont obligés à chaque pas de modifier l’objet, ou de remplacer leurs propres sens ; ils modifient l’objet