Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/362

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ceptait pour juges, et que leur assentiment ou leur incertitude vérifiait ou réfutait ses descriptions. Demandez à un physicien s’il se contente de préciser les idées vagues de son auditoire, et si, dans l’histoire de la chaleur, il ne fait que développer la notion vulgaire de la chaleur. Si la psychologie est une science, son objet est de découvrir des faits inconnus, inaccessibles à l’observation directe ; et si on la dédaigne, c’est qu’elle n’en découvre pas. Il y en a et elle peut en trouver. Elle en possédera un, par exemple, le jour où elle aura prouvé que la perception extérieure est une hallucination vraie. Et pour faire ces découvertes, elle a besoin, comme les autres sciences, de remplacer l’instrument observateur ou modifier l’objet observé. Elle remplace cet instrument, lorsqu’à l’observation directe employée par Reid, elle substitue l’étude des signes qui précèdent la perception ou qui la suivent, et qui tiennent lieu de réactifs indicateurs. Elle modifie cet objet, quoique d’une manière indirecte, lorsqu’à la Salpêtrière elle observe les idées et les sentiments altérés par l’aliénation.

L’analyse s’arrête ici ; vous savez en quoi elle consiste : traduire les mots par des faits ; voilà sa définition ; traduction exacte, traduction complète ; voilà ses deux parties. Dans la traduction exacte, on ramène les mots obscurs, vagues, abstraits, de sens compliqué et douteux, aux faits, aux portions