Page:Taine - Les Philosophes classiques du XIXe siècle en France, 1868.djvu/368

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près une méthode inflexible, écrit avec une éloquence entraînante, rempli de vues supérieures, paré d’images magnifiques et naturelles, n’est connu que des philosophes : l’auteur ne va pas chez les personnes influentes ; voyant qu’il ne se loue point, on ne le loue point ; il a oublié que la gloire se fabrique. Il y a cinq ou six ans, un monsieur, trompé par sa place, vint lui offrir un livre nouveau, et lui demander son crédit sur la presse. Je n’oublierai jamais le sourire avec lequel M. Paul répondit qu’il ne connaissait personne dans les journaux.

Il vit aujourd’hui dans un quartier perdu, rue Copeau, dans deux chambres au quatrième étage, ayant vue sur les arbres de l’ancien couvent de George Sand. Il a acheté deux fauteuils et un tapis pour recevoir son ami ; quant à lui, il ne voit pas les choses extérieures, et se trouverait bien dans un mobilier d’étudiant. Le principal ornement de sa chambre est un bureau immense, je ne sais pas de quelle couleur, l’ayant toujours vu encombré de livres. Les philosophes abondent dans les armoires, sur les chaises, sur la cheminée, sur le parquet. Vous trouverez dans un coin des in-folio redoutables, Plotin, Proclus, Bruno, Scot Érigène. Les deux livres les plus usés sont l’Èthique de Spinoza et la Logique de Hégel. J’ai rendu bien mal le discours si clair et si cou-